Chauves-souris
Séries :
Un ami guide m’a raconté qu’il était un jour entré sans le savoir dans une grotte de chauves-souris dans une forêt vierge : « je suis entré dans la grotte pendant 10 minutes et elle est devenue de plus en plus étroite, si bien que j’ai fini par devoir ramper. Lentement, j’ai senti la puanteur du sol sous mes pieds. Je transpirais à cause de la vague de chaleur inconnue, et alors que je m’interrogeais de plus en plus sur la source de la puanteur et de la vague de chaleur, je me suis retourné vers le plafond de la grotte.Aussi loin que la lampe frontale pouvait éclairer, une myriade d’yeux rouges brillants me regardaient dans le silence et la chaleur. Des bouches pointues, des bêtes serrées les unes contre les autres, en silence, ont commencé à remuer. Et j’étais prostré sur leurs excréments. En détournant le regard, j’ai oublié ma peur. Instinctivement, j’ai couru hors de la grotte, suivi d’innombrables chauves-souris. »
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Le bombardement de l’oléoduc Nord Stream cette année est un événement qui m’a profondément secoué. Je pouvais clairement voir l’excitation et le désir de l’homme à créer la guerre, à donner la mort. Je me suis mis à dévorer les livres d’Histoire livrant le récit de la guerre civile en URSS, plus particulièrement en Ukraine en 1919, en voyant en ces événements et ceux de 2022 comme la répétition d’un cycle. Le côté démonique de la nature humaine se répète sous mes yeux, dépassant de loin toute mon imagination. L’égoïsme, la ruse, la hideur, la violence, la soif de sang et la folie étaient toutes parties prenantes de cette guerre. L’homme n’est plus la fin de tout mais le moyen et le prix à payer. Cela m’apporte un sentiment de désillusion. L’hiver, lorsque la nuit tombe et que je suis seul dans le silence, éclairé par les quelques lumières solitaires, la désillusion, la confusion, la désorientation et la peur de l’avenir me hantent comme des fantômes des cauchemars dans l’obscurité ; comme des hiboux en attente des chauves-souris suceuses de sang se faufilant dans l’ombre, hululant au loin dans l’obscurité, le son de la scène étant aussi agressif que celui de griffes glissant sur du verre. J’ai vu des hiboux déchirer frénétiquement la chair d’une carcasse, des chauves-souris attachées à des animaux alors qu’elles léchaient leur sang. Ils se sont réjouis et ont célébré leur victoire dans l’obscurité de la nuit, et je ne savais pas quoi dire face à un tel mal. Ce dont je suis sûr, c’est qu’au bout du compte, nous devrons tous subir les conséquences de ce mal aujourd’hui. Les inquiétudes et les incertitudes qui me viennent dans la solitude des nuits d’hiver sont finalement tissées dans cette série d’œuvres.