Vues de la salle d'exposition
Exposition Rouge
06 septembre 2022 - 16 septembre 2022
Exposition personnelle de l'artiste Hang LU
Avec commissaire d'exposition Meng JIA
Et critique d'art invité Yves KOBRY
Lundi au jeudi : 8h30 - 17h
Vendredi : 8h30 -19h30
Vernissage : mardi 6 septembre 2022 à 18h30
Du 6 septembre au 16 septembre 2022, a eu lieu l'exposition Rouge dans dans la galerie Athéna, au sein de la Mairie du 13e arrondissement de Paris. Curatée par Meng JIA, l'exposition présentera des nouvelles créations de l'artiste Hang LU.
Exposition Rouge
À travers des scène où les images métaphoriques se terminant sur un fond rouge, l'exposition est l'expression picturale des observations et des réflexions de l'artiste sur le paysage actuel de la société, de ses doutes sur le monde cyberpunk qui va venir et de son malaise face au nouveau scénario mondial de la guerre froide.
L’exposition Rouge présentera une quinzaine de tableaux de grande taille, et plus de quatre-vingt d’œuvres en petite taille dont une partie a été créé au cours des deux dernières années et une autre partie est en cours de réalisation.

L'Âne | 2022 | Huile sur toile | 235 x 145 cm
Au départ il est influencé par le pop art, en particulier par Robert Rauschenberg, empruntant ses thèmes à la mythologie et à l’imagerie socialiste, tel Lénine haranguant la foule ou Khrouchtchev dans un champ de blé ou encore des jeunes pionniers au garde-à-vous ou un défilé militaire, dans un style graphique aux couleurs acidulées, jouant du contraste entre le réalisme des visages ou des postures et le flou, l’effacement, les coulures et les superpositions. Dès le début on trouve chez Lu Hang cette volonté de détournement du sujet, cette révolte ironique contre l’idéologie, la discipline et l’image de propagande.
Petit à petit, il va se détacher du réalisme de la pop culture pour adopter un style néo-expressionniste dans le sillage de Georg Baselitz et de Markus Luperz. Si le peintre conserve le goût des grands formats et des couleurs violentes et heurtées, le motif est simplifié, épuré, la forme devient plus synthétique, plus abstraite, plus rugueuse. Elle intervient sur un vaste plan coloré, parfois presque monochrome, telle cette tête humaine, à peine identifiable, qui surnage sur un large fleuve rouge. Le personnage est isolé, parfois tronqué, perçu en vision rapprochée, souvent en présence d'un animal, tels ces porcs destinés à l’abattoir ou ce lapin au laboratoire. Le chien, thème récurrent chez l’artiste vaut comme symbole de la domestication et du dressage auquel l’être humain est lui aussi soumis.
Chacun de ses tableaux a une valeur symbolique mais la narration n’est plus descriptive et anecdotique mais allusive. Elle laisse au spectateur le soin de deviner ou plutôt d’interpréter librement le sens de l’œuvre. Il ne s’agit plus de détourner par l’ironie une image de propagande mais de stimuler la réflexion, l’imaginaire.
Le travail de Lu Hang n’est pas strictement politique mais a une portée universelle et utopique. L’espérance d’un monde et d’une société entièrement libre où toute forme d’asservissement que ce soit par l’idéologie, la religion, le travail ou la discipline aurait disparu, où l’homme pourrait s’épanouir par sa créativité, forger librement sa personnalité et mener sa vie sans entrave.
— Yves Kobry, critique d’art, membre de l’AICA

Peintre rebelle
Né en 1987 d’un père qui a étudié à l'Académie centrale des beaux-arts, et d’une mère historienne de l’art, Lu Hang a donc baigné dès son plus jeune âge dans le milieu artistique. Il a décidé de suivre les traces de ses parents en s’inscrivant à l’école des arts décoratifs de Pékin avant d’aller étudier aux Beaux Arts de Sichuan. Après son arrivée en France en en 2013 il alla parfaire sa formation à l’école des Beaux Arts de Bourges. Il s’agit donc d'un jeune peintre qui commence sa carrière avec un bagage artistique et un savoir faire, chose très rare pour un artiste de sa génération. Voilà à la fois un avantage et un handicap car il va devoir se dégager des références et de la virtuosité acquise pour trouver sa propre voie.
.png)
Historien d’art, critique d’art, et commissaire d’expositions indépendant. Membre de l’AICA depuis 1988, Yves Kobry a été le commissaire de plusieurs expositions, dont l'exposition « Vienne début d’un siècle » au centre Pompidou en 1986 auprès de Jean Clair, et des expositions Pascin en 2006 et « Le constructivisme russe. Vers de nouveaux rivages » en 2008 au musée Maillol.
Il a collaboré au Musée d’art moderne de la ville de Paris aux expositions « Années 30, le temps menaçant » en 1996 et Bonnard en 2006. Il a également collaboré aux revues Beaux Arts Magazine, l’Oeil, Connaissance des Arts, Les Lettres Françaises. Et il a rédigé de nombreuses préfaces pour des catalogues d’exposition.
à la galerie Art Trope à Paris, au One Art Musuem à Pékin et Biennale de l'Image Tangible 21 à Paris.
Enfant de Pavlov 9 | 2022 | Huile sur toile | 140 x 100 cm

Agneau 3 | 2022 | Huile sur toile | 200 x 140 cm
Avant-Propos
Une espèce dominée par le rouge. Rouge clair, rouge fluorescent, rouge vivant, rouge foncé... Différentes nuances de rouge convergent sur les toiles, tellement vivantes et puissantes. La présence de certains figures étranges rompent cette monotonie du rouge : Un immense canoë peint dans jaune criard, flotte seul dans la mer de rouge infinie, vide, sans passager; un corps d’humain surnage dans la rivière rouge, se déplace au gré des vagues, nu, sans conscience; un enfant avec les bras levés, s’habille en uniforme, isolé, sans visage... Ils se libèrent, sont abandonnés ou isolés? Un silence inquiétant, derrière le contraste entre cette couleur dynamique et l'image stagnante, semble s’agiter. C’est le sentiment que l’artiste Hang LU veut transférer et qu’il ressent lorsqu’il se confronte à l’histoire et au présent. Citant Francisco de Goya comme référence, Hang LU choisit le photo- peinture pour sa création. Il trouve des images, les décompose, puis attire l’attention sur un fragment ou un détail et le transmet dans une peinture.
Ces images originales, photographies historiques, de quotidien, ou des scènes dont il se souvient dans l'esprit, ne sont plus dès scènes originales. Elles ont reçu une nouvelle signification qui est spécifique à l’artiste. Les visages et les figures dans les tableaux de Hang LU sont délibérément flous, mais ces scènes restent vaguement reconnaissables grâce à des détails conservés. De cette manière, l’artiste reproduit “des vérités inconfortables cachées au grand jour¹”. Il essaie de rappeler des souvenirs d'événements qui ne doivent pas être oubliés. Aucune intention de critiquer ou de blâmer le passé, il essaie de comprendre et d'évaluer le présent, et donc d'anticiper et pour ne pas revoir la répétition des tragédies pour l’avenir.
— Meng JIA, Commissaire d'exposition
Commissaire d'exposition. Née le 9 juillet 1997 à Shanxi en Chine. Elle est diplômée en Économie et Gestion de l'Université de Paris-Saclay et étudie actuellement en Commissariat d'art contemporain à l'IESA à Paris.
Elle a réalisé sous la direction du professeur David Brouzet l'exposition collective Cabinet de Curiosités, qui a été inaugurée à la galerie de l'IESA le 11 mars 2021. Elle a travaillé à la galerie Art Trope à Paris, au One Art Musuem à Pékin et Biennale de l'Image Tangible 21 à Paris.
.png)
Intention de création
Dans cette série d'œuvres, je veux explorer une peinture anti-décorative. Je rejette intentionnellement le plaisir visuel et essaie de chercher une peinture libre de toute décoration politique, religieuse et capitaliste. Permettre au langage de la peinture de rester pur, de revenir à l'expression elle-même sont des priorités que je considère fondamentales pour atteindre une liberté d'expression dans la peinture.
Je veux être concis, clair, exprimer l'image de l'époque à partir de perspectives multiples, comprimer le récit. Chaque peinture est comme une coupe. Rassembler ces coupes pour former une série, une étude d'un thème sont un vecteur pour renforcer la force de chaque œuvre.

L'image dans le tableau est agrandie comme un moyen d'intensification. Cet agrandissement suscite un sentiment de distance à notre expérience quotidienne, permettant à la peinture de s'affirmer dans sa simplicité. Je veux que mes images soient dures et fortes. Je veux que mes peintures parlent d'elles-mêmes, comme un rempart à la froide réalité.
Je veux mettre l'accent sur le processus de la peinture ainsi que sur la nature expressive et exprimée par le coup de pinceau. Le pinceau est une métonymie de l'artiste en devenant une extension de sa perception, dépeignant ainsi les sentiments et les expériences personnels. Le spectateur peut déduire l'état de la personne qui se cache derrière le tableau à travers les marques sur l'image, et dans un dialogue, le spectateur peut voir lui-même l'artiste qui se dessine à travers le tableau. Chaque tableau est donc plus qu'un simple tableau.
La chose la plus importante dans l'art pour moi, c'est la sincérité. Je veux faire apparaître cette sincérité dans mon travail parce que je ne peux pas tricher quand il s'agit de moi-même et du monde extérieur, et je ne peux pas exprimer ce que je n'ai pas. Je veux que l'œuvre que je crée, fruit de ma sincérité, soit ressentie par les autres. Je suis convaincu que la sincérité peut apporter la bonté, et seule la bonté peut produire la beauté. Je choisis donc cette voie et me dédie à faire de chacune de mes œuvres une peinture sincère.
— LU Hang , Artiste
Bols | 2022 Huile sur toile 120 x 200
Quand je repense à mon enfance, je me sens chanceuse d'avoir échappé au pire. J'ai toujours étudié la peinture, depuis mon enfance jusqu'à mon examen de fin d'études secondaires. Ainsi, je n'ai pas reçu d'éducation scolaire classique et je suis devenu un jeune marginal.
De plus, mes parents étaient toujours occupés, je n'ai donc jamais été opprimé par le pouvoir parental. C'est grâce à cette rupture avec le cadre parental que j'ai pu préserver mon esprit rebelle et méfiant. Grâce à l'auto-apprentissage, j'ai la capacité de voir l'autre monde, celui qui se cache derrière les manuels scolaires. Si l'éducation endoctrinée est comparée à une chaîne de production, je suis sans aucun doute le "perdant" extérieur de la production.
Des années plus tard, lorsque je repense à ces personnes et à ces choses, je me rends compte que beaucoup d'entre elles étaient des gens intelligents, mais qui avaient grandi sous l'oppression violente du pouvoir. Mon expérience m'a amené à m'intéresser au sujet du pouvoir, de la violence et de l'humanité, et c'est pour cette raison que j'ai commencé une série de mes recherches sur l'histoire du pouvoir, les massacres de guerre, la violence et la mort, l'humanité et l'animalité, etc.
Récemment, ma démarche artistique s'est concentrée sur l'étude du pouvoir et de l'influence des institutions sur les hommes et en particulier sur le thème de l'asservissement des populations par les pouvoirs. C'est la notion d'"homo sacer *", qui illustre bien cette idée et notamment comment des êtres humains pouvaient se retrouver serviles, sans défense, et sans même la capacité de contester jusqu'à la mort. Comment la société depuis l'Antiquité a-t-elle réussi à conditionner et formater tout instinct de survie humain, et à faire de ses propres citoyens une simple main d'œuvre obéissante et conformiste ? Les acteurs du pouvoir ont réussi à dociliser à travers ses institutions toute une population, qui va jusqu'à "accepter tacitement" sa propre mort. Un exemple vient à l'esprit pour illustrer cette notion d'"homo sacer", celui de la Grande Famine en Chine qui a causé 37.558.000 morts.
Au cours de mes expériences artistiques, j'ai pu observer des formes de violence institutionnalisée, caractérisée par l'utilisation de la discipline, de la punition et de l'asservissement, notamment au siècle dernier, pendant les deux guerres mondiales. Cette situation renvoie évidemment aussi à notre époque liberticide, où les États ont pris de nombreuses initiatives aboutissant à la privation de nos droits les plus essentiels.
Une autre forme de modernité me semble très angoissante dans le monde à venir, le monde cyberpunk, celle des nouvelles technologies. Certes l'intelligence artificielle, les téléphones portables, le Big Data sont des innovations très pratiques, mais toutes les technologies, au-delà de leur caractère spectaculaire, peuvent conduire à des modifications importantes sur notre rapport à l'autorité et notamment conduire à un développement de la violence systémique.
*Homo Sacer : A l'époque romaine, une personne sans droits civiques, un paria, qui peut être tué par n'importe qui.
**Publication, Archives publiques, Gouvernement central de Pékin, septembre 2005
.png)
L'artiste-peintre chinois. Né le 15 mai 1985 à Pékin. Il pratique principalement la peinture à l'huile et également le collage. Il a étudié les beaux-arts à l’École des Beaux-Arts du Sichuan entre 2006 et 2010. Il a obtenu le diplôme (DNSEP) à l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges en 2016 et a continué ses études à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Il a exposé dans plusieurs structures telles que le Musée Blue Roof à Chengdu (2017) , la Galerie CROUS (2019) et la Galerie Paris Horizon (2020) à Paris. Il est lauréat du Prix Jeunesse ICART Artistik Rezo en 2021. Ses articles ont été publiés sur People’s Daily Overseas Edition (2011) et Humanities, arts and society (HAS) magazine (2020).